Carnegie Mellon University

« S'il vous plaît, patientez » (French) | “Please wait (if you want to, of course)” (English)

Michael Dornu Kitcher
Carnegie Mellon University – Francophone Studies

This slam poem is first an attempt to empathize with everyone who has had to watch “from the sidelines”, as it were, while their the loved one(s) battle coronavirus. I was struck by the thought of an agonizing father/mother struggling to contact, via a customer care phone line, his/her child who has been hospitalized after contracting COVID-19 and developing complications. Regrettably, this has now been the heartbreaking experience of many. I hope that in between the automated messages, the other half of the conversation reveals the immense worth of a parent’s love—and the immense pain of being a helpless parent. This poem, however, is also an attempt to put in human terms the brokenness of our societies that has been exposed by this pandemic. The challenges of life—especially during a health and socioeconomic crisis—should not be exacerbated by unjust and myopic systems that help some people cruise at the expense of others who are struggling to stay afloat. With that, I hope these words unmask the faces of those who are sinking in these times—and their resemblance to yours.

« S'il vous plaît, patientez—nous vous mettons en ligne avec votre patient. »

Excusez-moi, mesdames et messieurs
Je cherche mon fils qui a été admis
A cette institution prestigieuse.
Tu connais peut-être un Andrew Lemaître ?
Il répond plus vite quand tu l’appelles « Dre »
Je suis sûr qu’il a mentionné son ours polaire
—Son dossier n’indique pas qu’il ne peut pas dormir
Sans son meilleur ami.

« S'il vous plaît, patientez—nous vous mettons en ligne avec votre patient. »

Pardonnez-moi, mais mes larmes et mes sœurs-
Elles me demandent comment célébrer son anniversaire.
Sa nounou, hier, m’a appelé sept fois et huit avant-hier
Peut-être pour entendre sa voix, peut-être pour savoir
Comment je peux dormir cette nuit d’hiver

« S'il vous plaît, patientez—nous vous mettons en ligne avec votre patient. »

Moi, j’sais pas
Chaque journée j'écoute mon garçon et ses pas
— « Prêt à déjeuner » Il me dit, avec ses chaussons jaunes—
Mon espoir s'essouffle plus vite que la bourse
—Quel cruel souffle de la gifle !
Pensez-vous que le nouveau souffle de ma vie
Pourrait souffler ses bougies si j’envoie un gâteau ?
Les gens sont essoufflés quand j’en vois au labo
Est-ce qu’il y a un respirateur pour mon pirate costaud ?
—le bandana ne suffisait plus lorsqu'il disait, « J’ai chaud »

« S'il vous plaît, patientez—nous vous mettons en ligne avec votre patient. »

Je vous en prie, monsieur et madame
Je connais le méchant—il n’a jamais eu d’âme
Cependant je sens qu’il y a deux mois
Prenez-vous des gants avec Dre comme moi ?
Je dis merci aux docteures et aux infirmiers
J’ai toute foi en leurs connaissances
Où est, toutefois, la confiance en soi
Quand personne ne soigne le soignant ?
Est-ce qu’il y a des masques outre les sourires
Ou un traitement qui fonctionne à part sur les souris ?

« S'il vous plaît, patientez— »

Je n’ai pas d’autres excuses
Je ne peux plus essuyer mes larmes dans l'épicerie
Même si je trouvais les mouchoirs au rayon dix
Ma carte de crédit ne peut même pas acheter des crayons
Dis-moi : ne crains-tu pas dans ce système de préférer
Ton salaire à tes allocations chômage—ou même à ta santé
Je déteste cette société qui désigne un groupe de gens
Le dommage collatéral et l’autre, survivants
Et si tu veux aller à la plage, je t’accuse de la vague suivante !

« Nous sommes désolés, toutes nos lignes sont occupées.
Rappelez dans quelques minutes, s’il vous plaît. »

S’il vous plaît.

S’il vous plaît.

Et tout en pleurant, j’entends sa voix
« Allo ? C’est midi 20. Prêt à déjeuner ! »

S’il vous plaît, patientez. Moi, j’ai pas le choix.